Dernier hommage à Hachiko : une nation pleure son fils le plus fidèle.

L’air était lourd d’une tristesse palpable, un silence qui contrastait avec l’effervescence de la métropole qui s’étendait juste au-delà des murs de bois. Dans un coin paisible de Shibuya, un drame poignant se déroulait, l’acte final d’une histoire qui avait captivé tout un pays pendant près d’une décennie. Il ne s’agissait pas d’une scène de tragédie humaine au sens conventionnel du terme, mais des adieux déchirants à un être dont la fidélité inébranlable avait transcendé l’ordinaire et s’était gravée dans l’âme même du Japon. Rassemblées autour d’une simple natte, des personnes en tenue solennelle, certaines en uniforme, d’autres en costume traditionnel, inclinèrent la tête. Leurs visages, marqués par un mélange de chagrin et de respect, reflétaient le cœur d’un pays faisant ses adieux à son fils le plus fidèle. Au centre de ce tableau solennel reposait Hachiko, l’Akita dont l’histoire de loyauté était devenue une légende, désormais paisible dans son dernier repos, sa longue attente enfin terminée. C’était le 8 mars 1935, et le chagrin silencieux qui régnait dans cette pièce résonnait bien au-delà de ses limites, faisant écho aux larmes de milliers de personnes qui avaient appris à connaître et à aimer le chien stoïque de la gare de Shibuya.

L’histoire d’Hachiko commença comme celle de n’importe quel autre chiot Akita, recueilli par le professeur Hidesaburo Ueno de l’Université Impériale. Leur lien fut immédiat et profond. Chaque matin, Hachiko accompagnait le professeur jusqu’à la gare de Shibuya, attendant patiemment son retour le soir. Ce rituel quotidien était devenu une scène réconfortante pour les usagers des transports en commun, une petite parenthèse chaleureuse dans le rythme effréné de la vie citadine. Personne n’aurait pu prédire le tragique événement qui allait bouleverser cette routine et donner naissance à une légende.

Le 21 mai 1925, la tragédie frappa sans prévenir. Le professeur Ueno succomba à une hémorragie cérébrale à l’université. Hachiko, comme toujours, l’attendait à la gare ce soir-là, mais son maître bien-aimé ne descendit jamais du train. Les jours se muèrent en semaines, les semaines en mois, et pourtant, Hachiko se présentait toujours à la gare à l’heure précise où le train du professeur aurait dû arriver. Il fut recueilli par l’ancien jardinier de la famille Ueno, Kikuzaburo Kobayashi, mais son cœur restait tourné vers le retour de son maître. Malgré les tentatives pour le retenir, Hachiko s’échappait régulièrement, poussé par un instinct inexplicable et puissant de retourner veiller sur lui.

Au départ, Hachiko était une anomalie, un chien errant qui traînait aux alentours de la gare. Certains voyageurs, agacés, voire hostiles, le chassaient. Le personnel de la gare, bien que souvent aimable, le considérait également comme une nuisance persistante. Mais parmi la foule des voyageurs, un homme, Hirokichi Saito, un ancien élève du professeur Ueno, reconnut le chien. Saito, expert de la race Akita, commença à documenter l’histoire d’Hachiko, reconstituant l’incroyable récit de sa veille quotidienne. Ses articles, publiés dans un grand quotidien, furent l’étincelle qui éveilla l’imagination du public.

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