Emilien Jacquelin : “Avec eux tu partais pour un podium, désormais tous les rêves sont permis” indique Emilien Jacquelin, pas mécontent de voir deux légendes parties à la retraite. Lire l’article en commentaire 👇

Dans le froid glacial des sentiers enneigés d’Östersund, le biathlète français Emilien Jacquelin réfléchit sur un paysage transformé. Alors que la saison de Coupe du monde 2025-2026 démarre, l’absence de deux figures marquantes – Martin Fourcade et Johannes Thingnes Bø – inaugure une ère d’opportunités illimitées.
Jacquelin, 30 ans, ressent avec acuité ce changement. “Avec eux, vous visiez le podium, désormais tous les rêves sont possibles”, déclare-t-il avec une voix mêlée de soulagement et d’ambition lors d’une récente interview sur RMC Sport.
Le Dauphinois, né à Grenoble le 11 juillet 1995, a longtemps affronté les exigences impitoyables de ce sport. Mesurant 1,86 mètre et pesant 78 kilogrammes, Jacquelin allie ski explosif et tir de précision.
Ses faits saillants en carrière incluent des doubles titres mondiaux de poursuite en 2020 et 2021, ainsi que des médailles d’argent olympiques à PyeongChang et à Pékin. Pourtant, les ombres de Fourcade et de Bø se sont souvent imposées, transformant au mieux chaque course en une bataille pour le bronze.

Fourcade, l’icône française qui a pris sa retraite en 2020, a amassé 13 médailles d’or olympiques et 27 médailles aux Championnats du monde. Sa précision a redéfini le biathlon, faisant pression sans relâche sur ses contemporains.
Johannes Thingnes Bø, la puissance norvégienne, a annoncé sa retraite en 2025 après un parcours riche en histoire.
Avec 18 médailles d’or aux Championnats du monde et plusieurs cristaux au classement général de la Coupe du monde, les débuts explosifs et la force mentale de Bø ont placé la barre inaccessible. Leurs départs, suite au départ antérieur de Tarjei Bø, démantelent la domination d’une génération.
Jacquelin admet que le soulagement est palpable. “Aujourd’hui, Martin Fourcade et Johannes Bø sont partis, et ça change tout”, détaille-t-il à propos de l’émission Stephen Brunch. Auparavant, s’aligner contre eux impliquait d’écrire des récits autour de la survie, en espérant une erreur pour décrocher la troisième place.
Maintenant, avec la disparition de vétérans comme Quentin Fillon Maillet, le peloton se stabilise considérablement. Des stars émergentes de Norvège, d’Italie et de France visent le trône, mais l’expérience de Jacquelin le positionne comme un favori.
Cet optimisme découle d’une saison 2024-2025 renaissante. Malgré des Championnats du monde difficiles à Lenzerheide, où une 15e place en poursuite a été marquée par des pénalités pour double position, Jacquelin a rebondi farouchement.
Il a remporté le sprint de Nove Mesto en mars, devançant de quelques secondes l’Italien Tommaso Giacomel. Éric Perrot, son coéquipier, a suivi de près pour la quatrième place.

Cette victoire a propulsé Jacquelin à la troisième place du classement général, derrière les Norvégiens Sturla Holm Lægreid et Johannes Thingnes Bø au classement final.
L’entraîneur Simon Fourcade, le frère de Martin, a salué cette incohérence comme une force. “Emilien alterne brio et revers, remportant des sprints impitoyables mais hésitant ailleurs”, a-t-il noté dans une critique de Nordic Magazine.
Deux triomphes au sprint ont mis en valeur sa vitesse brute, tandis que sa septième place au classement général a souligné son potentiel inexploité.
Hors de la neige, Jacquelin a réfléchi à sa retraite après les Jeux olympiques de Milan Cortina 2026, en se disant : “Vais-je me lasser ? Je ne continuerai pas juste pour continuer.”
Le Blink Festival en août a offert un tonique estival. Dans les collines italiennes, Jacquelin est monté sur le podium derrière le Danois Martin Uldal, Perrot devançant Sturla Lægreid pour la deuxième place. La victoire féminine de Lou Jeanmonnot a ajouté une touche française.
Ces tests d’intersaison, mêlant biathlon et trail, ont affûté les contours de l’ouverture d’Östersund. Jacquelin a ciblé le monde du sprint, le déclarant « jouable » après la poussée de Holmenkollen en fin de saison.
Östersund, le lever de rideau de la saison, vibre d’impatience. Le site suédois, imprégné de l’histoire du biathlon, accueille des sprints, des poursuites et des relais du 28 novembre au 1er décembre. L’équipe masculine de France composée de Jacquelin, Perrot, Fabien Claude et Oscar Lombard arrive fortifiée.
Sans les prologues cinglants de Bø, le coup d’envoi semble moins inquiétant. Jacquelin vise la victoire ici, en tirant parti de ses prouesses au sprint de 10 kilomètres où un tir net amplifie les temps de ski.

Au-delà de la tactique, la mentalité de Jacquelin évolue. Les rumeurs d’abandon des Mondiaux de février (après une 19e place au sprint) se sont calmées au milieu des succès estivaux. “Je ne sais pas ce qui suivra les Jeux”, avait-il alors avoué, mais il se concentre désormais sur l’héritage.
Visant l’or olympique à Milan, il considère 2026 comme un sommet et non comme une fin. Des coéquipiers comme Perrot, le jeune homme médaillé de bronze à Nove Mesto, alimentent les rivalités internes et font avancer la machine française.
Le peloton plus large reflète ce flux. Le Norvégien Lægreid, vainqueur du classement général de 2025, assume le rôle de Bø avec une précision méthodique. L’Italien Giacomel, un habitué des podiums, apparaît comme un cheval noir.
L’Allemand Benedikt Doll s’accroche à la cohérence, tandis que l’Autrichien David Zingerle ajoute une énergie sauvage. Chez les femmes, les Françaises Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet dominent, mais le récit de Jacquelin est centré sur la réinitialisation des hommes.
La citation de Jacquelin résonne comme un manifeste pour cette nouvelle garde. « Tous les rêves sont permis » n’est pas de la bravade ; c’est le fruit d’un travail d’une décennie. La maîtrise tactique de Fourcade et la férocité de Bø l’ont affiné, mais leurs vides libèrent.
Aux portes de départ d’Östersund, il canalisera cette liberté – avec un fusil stable, des skis sculptant la neige vierge – en recherchant non seulement les podiums, mais aussi l’éclat du globe de cristal.
Alors que le crépuscule tombe sur les arènes de Järpen, les fans sentent que l’histoire se prépare. Le biathlon, cet hybride d’endurance et d’adresse au tir, prospère grâce à de telles transitions.
Le parcours de Jacquelin, depuis les rangs juniors de Grenoble jusqu’à la célébrité de la Coupe du monde, incarne la résilience. Ses paroles enflamment l’espoir : dans un sport autrefois gouverné par des géants, les mortels osent désormais rêver divinement.
La campagne 2025-2026, qui s’étend sur les continents de l’Europe à l’Amérique du Nord, promet des épopées. Les arrêts à Hochfilzen, Pokljuka et Antholz testent votre courage au milieu de vues alpines. La France, avec 15 médailles olympiques de biathlon de tous les temps, en veut plus.
Le rôle de Jacquelin ? Catalyseur, vétéran, visionnaire. Après l’entretien, il s’entraîne avec une intensité tranquille, visualisant des relais propres et des triomphes en solo.
Les critiques l’ont un jour qualifié d’irrégulière, d’étincelle de sprinteur manquant de finition en matière de poursuite. Pourtant, les compteurs de données de 2025 : précision de 85 %, moyenne des 5 meilleurs temps de ski. L’ombre de Fourcade ? Levé. Le rugissement de Bø ? Silencieux.
Jacquelin, soulagé, entre dans la lumière. Pour les fans français, sa franchise, accompagnée de ce sourire caractéristique, ressemble à une justification après des années de vaches maigres.
Dans le grand théâtre du biathlon, les départs à la retraite réécrivent les scénarios. Les arcs de deux légendes ouvrent les numéros de héros comme Jacquelin. Alors que les cors d’Östersund retentissent, il ne courra pas contre des fantômes, mais vers des horizons libérés.
En effet, tous les rêves sont possibles. La poudre attend, et avec elle, une renaissance française.