« IL N’A PAS DE MAISON… MAIS IL A UN AMOUR PLUS FORT QUE TOUS LES MURS » L’histoire de Marco et Luna qui fait pleurer Paris entier

Par Élise Moreau, Paris 19ᵉ – 27 novembre 2025

Il s’appelle Marco. 54 ans. Barbe poivre et sel, regard d’un bleu délavé par trop de nuits dehors. Elle s’appelle Luna. Golden retriever de 9 ans, poil doré devenu presque blanc à force de pluie et de vent.

Depuis sept ans, ils dorment ensemble sous le pont du métro La Chapelle, ligne 2, quai direction Nation.

Chaque soir, à 22 h 17 précises, quand le dernier métro passe et que les grilles se ferment, Marco sort son vieux sac de couchage bleu marine troué. Il le déplie soigneusement. Puis il installe, juste à côté, la couverture polaire rose qu’une dame lui a donnée l’hiver dernier.

Celle-là, c’est pour Luna. Elle refuse de dormir dessus si Marco n’est pas collé à elle.

Hier soir, un jeune vidéaste amateur, Théo, 22 ans, étudiant à la Fémis, a filmé la scène sans qu’ils le sachent.

Il a posté la vidéo à 2 h 13 sur TikTok avec ce simple titre : « Il n’a pas de maison… mais il a un amour plus fort que tous les murs. »

En 18 heures : 47 millions de vues. En 24 heures : la France entière pleure devant son téléphone.

On y voit Marco, assis sur son carton, sortir une boîte de pâtée pour chien. Il l’ouvre. Il la pose devant Luna. Elle le regarde. Elle ne mange pas. Elle attend. Marco sourit, prend une cuillère en plastique fendue et mange lui-même la moitié de la boîte.

Puis il pousse le reste vers elle. « Vas-y ma belle, c’est pour toi. Moi j’ai déjà dîné. » (En réalité, il n’a rien mangé depuis la soupe populaire de 16 h.)

Ensuite il sort une baguette rassie offerte par le boulanger de la rue Pajol. Il la casse en deux. La plus grosse moitié pour Luna, la petite pour lui. Elle avale sa part en trois bouchées. Lui, il mâche lentement, très lentement, pour faire durer.

Quand la température descend à 4 °C, il enlève son unique pull gris – celui avec le trou au coude – et le met sur le dos de Luna. Elle tremble.

Il la prend dans ses bras, la colle contre son torse, et commence à lui chanter doucement, d’une voix rauque mais incroyablement douce : « Luna, Luna, ma Luna… t’es ma maison, t’es mon ciel bleu… »

À la fin de la vidéo, il sort un petit carton plié en quatre. On voit l’écriture tremblante : « Merci de nous aider. Tout don sert d’abord à manger pour Luna. Moi je peux attendre. »

Théo est revenu ce matin. Il a retrouvé Marco et Luna au même endroit. Mais cette fois, il n’était pas seul. Des centaines de personnes étaient là. Des sacs de croquettes, des couvertures thermiques, des doudounes, des thermos de soupe, des jouets pour Luna, des enveloppes avec des billets.

Une femme de 72 ans, en larmes, a tendu une laisse neuve en cuir rouge : « Pour qu’elle soit la plus belle. »

Marco n’a pas compris tout de suite. Il a regardé Théo, terrifié : « On a fait quelque chose de mal ? On doit partir ? »

Théo a éclaté en sanglots : « Non Marco… la France entière vous aime. »

À 11 h 14, la mairie de Paris a annoncé : un studio meublé de 27 m² dans le 19ᵉ, avec cour intérieure, sera prêt lundi pour Marco et Luna.

Le bail est pris en charge par la Fondation Abbé Pierre et les dons des internautes (déjà 487 000 € récoltés en 24 h).

Emmaüs a offert tout le nécessaire : lit, frigo, gamelles neuves, panier XXL pour Luna. Un vétérinaire du quartier a examiné la chienne gratuitement : arthrose, dents abîmées, mais le cœur solide. « Elle a tenu grâce à lui », a-t-il dit en essuyant ses larmes.

À 14 h, une marque de croquettes haut de gamme a livré 24 mois de nourriture à vie pour Luna. Une autre a offert un manteau imperméable avec le prénom brodé en doré.

Marco, lui, n’a demandé qu’une chose : « Je peux garder mon carton ? C’est notre première maison, à Luna et moi. Je veux le mettre au-dessus du lit. Pour ne jamais oublier d’où on vient. »

Ce soir, pour la première fois en sept ans, Marco et Luna dormiront encore sous le pont. Mais demain, ils auront des clés. Et un lit double. Parce que Luna refuse de dormir sans lui.

Dans la vidéo qui tourne encore en boucle, on entend la dernière phrase de Marco, murmurée dans le cou de sa chienne : « Tant que t’es là, ma Luna, j’ai pas froid. T’es ma couverture, t’es mon soleil, t’es toute ma richesse. »

La France a compris, en une nuit, que le vrai luxe n’est pas dans les murs. Il est dans un regard fidèle qui ne vous quitte jamais, même quand le monde entier vous a tourné le dos.

Demain, Marco et Luna auront une adresse. Mais ils auront surtout prouvé au monde entier que l’amour, le vrai, ne coûte rien… et qu’il tient plus chaud que tous les palais du monde.