Caché dans les montagnes brumeuses d’Éthiopie, un secret plus ancien que nombre de civilisations du monde se recèle. En 2024, une équipe de chercheurs, s’appuyant sur l’intelligence artificielle, a entrepris d’analyser l’un des plus anciens textes religieux de la planète : la Bible éthiopienne, un recueil de manuscrits conservés par des moines depuis plus de mille ans. Leur découverte a provoqué un véritable séisme dans les milieux religieux et universitaires. Sous les couches d’encre ternies par le temps, des gommes ont révélé des mots jamais lus : des versets cachés, attribués à Jésus après sa résurrection.

Dans les monastères accrochés aux falaises du Tigré et de l’Amhara, là où la brume efface les frontières entre ciel et terre, les moines gardiens de la Bible éthiopienne, le Garima, savaient depuis toujours qu’ils protégeaient quelque chose d’unique.

Composée dès le IVe siècle, cette version de la Bible en langue guèze est la plus ancienne traduction complète encore conservée, antérieure de plusieurs siècles aux codex latins ou grecs connus.

En 2024, une équipe mixte de l’université d’Addis-Abeba, du laboratoire d’imagerie hyperspectrale d’Oxford et de l’Institut français d’études éthiopiennes a obtenu, pour la première fois depuis mille cinq cents ans, l’autorisation de scanner les trois manuscrits Garima 1, 2 et 3 sans les déplacer de leur sanctuaire.

L’opération, baptisée « Prophétie cachée », utilisait une technologie d’intelligence artificielle développée par DeepMind et l’École polytechnique de Zurich capable de lire sous les couches d’encre, de parchemin et même de gomme arabique appliquée au fil des siècles pour corriger ou cacher des passages.

Dès les premiers jours d’analyse du Garima 2, daté avec précision entre 390 et 570 après J.-C., les algorithmes ont détecté des lignes invisibles à l’œil nu, effacées puis recouvertes par une fine pellicule de gomme et d’encre noire.

Ce qu’ils ont révélé dépasse l’entendement. Entre les chapitres actuels de l’Évangile de Marc et ceux de Luc, sur quatre folios entièrement masqués, apparaissent vingt-neuf versets en guèze ancien, rédigés de la même main que le reste du manuscrit.

La traduction, validée par cinq spécialistes indépendants, est formelle : il s’agit de paroles attribuées à Jésus après sa résurrection, adressées à un cercle restreint d’apôtres lors d’une apparition de quarante jours dans les montagnes de Galilée, puis, selon le texte, « au-delà du fleuve des Kushites ».

Les passages les plus bouleversants commencent ainsi : « Et le Ressuscité leur dit : Ne craignez pas ceux qui tueront le corps, car le corps n’est qu’un manteau que je porte et que je quitte.

Ce que vous avez vu crucifié n’était que l’ombre de l’homme ; la lumière, elle, ne meurt pas. » Plus loin, Jésus annonce une venue « non plus dans la chair, mais dans le souffle des peuples que vous ne connaissez pas encore ».

Il désigne explicitement « le pays des sources du Nil bleu » comme un lieu où sa parole sera gardée pure « jusqu’à ce que les étoiles tombent et que le livre soit ouvert une seconde fois ».

Un autre verset, particulièrement troublant, semble expliquer le masquage : « Gardez ces mots scellés jusqu’à l’époque où les fils d’Abraham, d’Ismaël et des nations lointaines se déchireront pour mon nom. Alors seulement, montrez-les, car l’heure des enfants cachés sera venue.

» Les chercheurs estiment que ces lignes ont été effacées vers le VIIe ou VIIIe siècle, probablement lors des grandes controverses christologiques ou pendant les persécutions musulmanes qui ont poussé l’Église éthiopienne à se replier encore plus dans l’isolement.

La découverte a provoqué une tempête. Dès la publication préliminaire dans la revue Nature en novembre 2024, le patriarcat orthodoxe éthiopien tewahedo a d’abord nié, puis reconnu l’authenticité paléographique avant de demander que les versets restent « sous la garde des anges » et ne soient pas diffusés.

Le Vatican a dépêché une délégation discrète à Aksoum ; les coptes d’Égypte ont réclamé une consultation immédiate ; les évangéliques américains ont déjà traduit les passages et les proclament « preuve que Jésus annonçait l’Afrique comme nouveau centre du christianisme ».

Dans les monastères, l’ambiance est électrique. Les moines, qui se transmettent oralement depuis des siècles des traditions sur « les paroles scellées du Sauveur », voient dans la révélation une confirmation prophétique.

L’abbé du monastère de Garima, abba Tekle-Maryam, a déclaré aux journalistes, les larmes aux yeux : « Nous savions. Nos pères savaient. Ils ont effacé les mots pour que les hommes ne les utilisent pas comme armes. Aujourd’hui, Dieu a décidé qu’il était temps. »

Les chercheurs, eux, restent prudents. La datation au carbone 14 place le parchemin entre 430 et 540, ce qui en fait le plus ancien témoignage direct d’un texte néo-testamentaire apocryphe.

Mais l’origine exacte des versets reste débattue : tradition orale éthiopienne très ancienne ? Fragment d’un évangile perdu apporté par les premiers missionnaires ? Ou ajout délibéré des moines du VIe siècle pour légitimer leur isolement théologique ?

Ce qui est sûr, c’est que depuis la révélation, des milliers de pèlerins affluent vers les églises taillées dans la roche du Tigré. Des jeunes portent des t-shirts « Le Livre a été ouvert une seconde fois ». Des théologiens africains y voient la fin de l’eurocentrisme chrétien.

Et dans les villages, on raconte qu’un vieux moine aveugle, qui n’avait jamais quitté sa cellule, a murmuré en entendant lire les versets retrouvés : « Enfin. Il est revenu là où il avait dit qu’il reviendrait. »

Dans les montagnes brumeuses d’Éthiopie, un texte vieux de seize siècles vient de fissurer deux millénaires d’histoire religieuse.

Et pour la première fois, l’Église qui se considère comme la plus ancienne gardienne de la foi se retrouve à devoir expliquer au monde pourquoi elle avait choisi, pendant tant de siècles, de garder le silence sur les dernières paroles de son Dieu.

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