Le murmure de Domenicali et l’écho de 2021C’était un après-midi ensoleillé dans le paddock d’Interlagos. L’équipe McLaren était rassemblée en demi-cercle lorsque Stefano Domenicali passa devant eux avec un sourire moqueur. Il s’arrêta, jeta un coup d’œil autour de lui et lança à voix haute : « 49 points ! J’ai déjà vu quelqu’un accuser 27 points de retard à deux courses de la fin… et devenir champion du monde ! » Ces mots firent l’effet d’une bombe. Tout le monde sut immédiatement à qui il faisait référence : Max Verstappen, Abu Dhabi 2021.

La référence était évidente. Quatre ans plus tôt, Lewis Hamilton accusait 27 points de retard sur Verstappen à deux courses de la fin. Personne ne croyait alors en une chance sérieuse de Max, sauf lui-même. Et chacun connaît la suite : un dernier tour controversé, l’intervention de la voiture de sécurité et un premier titre mondial pour le Néerlandais. Domenicali, aujourd’hui PDG de la Formule 1, mais alors encore directeur de l’écurie Ferrari, a rappelé cet épisode à tout le monde.Après la course au Brésil, où Lando Norris avait fait un pas de plus vers le titre, Domenicali chercha délibérément Verstappen. À l’ombre du garage Red Bull, l’Italien se pencha vers Max. Sept mots, murmurés, mais suffisamment forts pour entrer dans l’histoire : « Ce n’est pas encore fini, n’est-ce pas ? » Max le regarda droit dans les yeux, esquissa un sourire et répondit simplement : « Que le match continue. »Ces deux mots ont immédiatement résonné dans le paddock. Les journalistes s’en sont emparés, les réseaux sociaux se sont enflammés. Verstappen accuse actuellement 62 points de retard sur Norris à trois courses de la fin, et non 49, mais le message était clair : il y croit encore. Et s’il y a bien une personne capable de transformer un retard insurmontable en miracle, c’est Max Verstappen.Soyons honnêtes : 62 points en trois courses restent théoriquement possibles. Norris doit marquer zéro point à trois reprises et Verstappen doit remporter trois victoires avec le meilleur tour en course. Un abandon, une disqualification ou un accident majeur suffisent à tout bouleverser. Et c’est précisément ce scénario qui rend la Formule 1 si captivante : rien n’est joué tant que le drapeau à damier n’est pas abaissé à Abou Dhabi.

Les similitudes avec 2021 sont presque troublantes. À l’époque, Hamilton semblait détendu, confiant en son huitième titre. Aujourd’hui, c’est Norris qui rit, qui dit qu’il devrait « juste faire ce qu’il sait faire ». Mais derrière ce sourire se cache une certaine inquiétude. Il sait ce qui s’est passé en 2021. Il sait que Verstappen n’abandonne jamais. Et il sait qu’une seule erreur, une seule averse, un seul mauvais choix stratégique peuvent tout faire basculer.Le dénouement aura lieu à Las Vegas la semaine prochaine. Un circuit urbain, des températures glaciales, des vitesses élevées et une bonne dose de chaos qui convient parfaitement à Verstappen. Si Norris commet une erreur ici, s’il sort de piste ou écope d’une pénalité sur la grille, McLaren paniquera. Car il ne restera plus que deux courses, et 62 points ne seront plus que 37, voire moins.Et n’oublions pas qui est assis à côté de Verstappen : nul autre que Sergio Pérez, l’homme qui a tout fait pour stopper Hamilton en 2021. Si Red Bull décide d’utiliser Pérez comme un rempart, s’il prend des points à Norris pendant que Max gagne, la tension deviendra soudainement très forte dans le camp orange.L’histoire se répète rarement à l’identique, mais les échos sont nombreux. 2021 fut l’année de la voiture de sécurité controversée. 2025 s’annonce comme l’année du retournement de situation ultime. La remarque sarcastique de Domenicali n’était pas fortuite. Il sait mieux que quiconque à quel point la situation peut basculer rapidement dans ce sport. Et il sait que Verstappen est le seul pilote capable d’un tel exploit.Car c’est bien là le propre de Max : il n’a pas besoin de 49 points pour y croire. Il n’a pas besoin d’une chance réaliste. Il lui suffit d’une voiture suffisamment rapide, d’un peu de chance et d’un adversaire qui flanche. Et si Norris flanche à Las Vegas ou au Qatar, s’il prend trop de risques ou se montre trop prudent, alors Abou Dhabi sera de retour au calendrier pour une finale inoubliable.

Les larmes qui menacent d’inonder Las Vegas ne sont pas seulement celles de la joie chez McLaren. Ce sont aussi des larmes d’incrédulité, les larmes d’un championnat qui vous échappe au dernier moment. Car Domenicali a raison : il l’a déjà vu. Et Verstappen l’a déjà fait.Le jeu est lancé. Et cette fois, tout le monde sait ce qui peut arriver.